Reportage: Euronews / Adaptation montage: Enrico Pizzolato
Le métier de pêcheur, dans des pays comme la Norvège, fait partie des professions les plus dangereuses du monde. Une chute dans l’eau froide équivaut à une mort quasi certaine.
Le projet européen SAFE@SEA vise à réduire ce risques en créant des gilets de sauvetage intelligents, munis de composants électroniques.
Eldar Aukan est pêcheur professionnel depuis 40 ans, à Trondheim, en Norvège. Sur son petit bateau de pêche, il traverse le fjord et vérifie les filets pour la prise du lendemain.
« Quand la météo est mauvaise, que le vent souffle fort, on peut facilement tomber par dessus bord. Ca m’est déjà arrivé. Certains de mes collègues n’ont pas survécu. C’est très facile de tomber à l’eau, et beaucoup plus difficile de remonter. Les vêtements sont lourds lorsqu’ils sont mouillés et l’eau est très froide. »
Le pêcheur possède une télécommande manuelle qui lui permet d’arrêter le moteur du bâteau en cas d’accident. Eldar doit se souvenir de toujours l’avoir sur lui.
Mais il lui faut aussi un moyen d’alerter les secours et de rester à flot s’il n’arrive pas à remonter à bord.
Pour sécuriser ces outils électroniques de sauvetage, le mieux est de les intégrer dans des vêtements. De sorte que le pêcheur ne pourra pas les oublier.
Dans la piscine de Trondheim, des scientifiques testent le premier prototype de gilet de sauvetage intelligent, développé dans le cadre du projet de recherche SAFE@SEA. Le gilet possède des capteurs qui permettent, si un homme tombe à l’eau, de faire gonfler la veste et d’envoyer un signal de détresse.
La conception du gilet n’a pas été simple. Les capteurs doivent être placés de façon à faire la différence entre une chute dans l’eau et une simple éclaboussure. Et la poche gonflable doit permettre de maintenir la tête hors de l’eau, même en cas de fortes vagues.
Ce vêtement intélligent intègre un émetteur radio automatique qui envoie un signal de détresse au recepteur à bord du bâteau. Le système peut ainsi arrêter le moteur, alerter l’équipage et envoyer les coordonnées GPS aux services de secours.
« Le récepteur est installé sur le mât du bâteau. Le signal envoyé par la victime pourra ainsi rayonner dans toutes les directions, explique Håkon V. Døvre, ingénieur chez Delta Alarm AS. Il y a également une antenne GPS pour envoyer des informations au centre de secours. »
Mettre au point une technologie fiable n’est pas suffisant : il faut aussi que les équipements de protection soient suffisamment confortables pour que les pêcheurs puissent travailler avec.Ce premier prototype est un peu gros, mais les chercheurs travaillent sur un modèle plus souple, qui s’intégrera mieux à la tenue du pêcheur.
Au laboratoire SINTEF, des scientifiques planchent sur un tissu « nouvelle génération » pour réaliser cet équipement. Ils cherchent à mettre au point un revêtement unique hydrophobe et robuste. Composé de microcapsules contenant un produit chimique, ce tissu permet de réparer les déchirures et rend le tissu plus résistant à l’usure, comme l’explique Stephan Kubowicz, spécialiste des polymères au laboratoire SINTEF « Si vous abîmez le vêtement, les capsules se brisent et libèrent un agent chimique de répération qui colmate la déchirure. Et le revêtement est comme neuf ! »
Les vêtements intelligents peuvent améliorer la santé ou la sécurité au quotidien, mais ils sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets.