De Francis CURTA (AFP) EN MER DU NORD
« Le prix du carburant va certainement augmenter de façon dramatique à l’avenir, et les restrictions aux émissions de gaz vont imposer des coûts supplémentaires au transport maritime dans les quatre à cinq prochaines années » en raison de nouvelles mesures de lutte contre le réchauffement climatique, prévoit Michael Gadzali, du groupe d’investissements maritimes Oltmann, principal financier de SKySails.
« La technologie du cerf-volant permet d’exploiter plus d’énergie que tout autre équipement utilisant l’éolien », y compris les voiles de bateaux, déclare Stephan Wrage, patron de SkySails.
L’efficacité du cerf-volant vient du fait qu’il évolue à plusieurs centaines de mètres de haut, et accélère en vol.
Contrôlé par ordinateur, il décrit des demi-cercles ou des figures de huit pour augmenter sa vitesse et décupler sa force de traction.
« Si vous doublez la vitesse en vol vous multipliez par quatre l’énergie. C’est là tout le secret du système », explique M. Wrage, qui a également mis au point un cerf-volant de 320 m2 « avec une poussée maximum de 32 tonnes, soit plus que deux moteurs d’Airbus A320 ».
Cette technologie est surtout adaptée aux cargos et aux pétroliers naviguant à petite vitesse, soit moins de 15 noeuds (28 km/h), lors de longues traversées dans des régions à fort potentiel de vent, selon les ingénieurs.
Contrairement à ses cerfs-volants, la compagnie, créée il y a 10 ans, n’a pas encore le vent en poupe.
« Quand j’ai fondé SkySails, le prix du pétrole était de 21 dollars (le baril) et tout le monde pensait que j’étais fou », déclare M. Wrage, qui, à l’âge de 38 ans, aime toujours jouer au cerf-volant à la plage.
Le développement de la technologie s’est fait lentement, avec nombre de revers. Et la compagnie a souffert de la crise économique qui a rudement frappé le commerce maritime.
« Les temps ont été durs », reconnaît M. Wrage, dont la compagnie n’a réussi jusqu’à présent qu’à placer cinq cerfs-volants à bord de navires, au prix de 500.000 à 1 million d’euros.
Mais il voit dans la course aux économies d’énergie et la reprise économique l’espoir d’un nouvel envol.
Certains spécialistes demeurent toutefois sceptiques.
Le système « n’est pas adapté à la plupart des porte-conteneurs qui naviguent à haute vitesse », assène ainsi Max Johns, porte-parole de l’Association des armateurs allemands.
Le cerf-volant, selon lui, ne sera qu’un élément dans une panoplie de nouveaux systèmes qui verront le jour pour pallier l’augmentation du prix du carburant, qui représente actuellement 60% du coût des transports maritimes. « Je ne pense pas qu’on en revienne à l’énergie de la voile », ajoute Uwe Brümmer, capitaine et responsable des inspections à la compagnie maritime SAL
La propulsion éolienne « ne va pas joueur un grand rôle pour l’instant » déclare pour sa part Uwe Hollenbuch, un ingénieur responsable du bassin d’expérimentations techniques maritimes de Hambourg. Les armateurs estiment « qu’ils font plus d’économies en utilisant des navires plus grands et en réduisant leur vitesse » qu’en ne comptant que sur les aléas du vent., qui voit l’avenir dans les moteurs à gaz.