Gilet de sauvetage. L’assurance survie

   par  Stéphane Jézéquel

Faudra-t-il, un jour, rendre obligatoire le port du gilet de sauvetage ou de la veste flottante ? La question est en passe d’être réglée chez les professionnels qui s’y mettent tant bien que mal. Mais du côté des plaisanciers, la route semble encore longue.

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La ceinture en voiture et le casque à moto ont fini par s’imposer. Les milliers de morts, les images chocs de la prévention routière et la répression appuyée des gendarmes de la route ont forgé les habitudes. En mer, dernier espace de pleine liberté pour certains, le port du gilet se fait encore désirer.

Immédiatement en danger

En cas de chute à la mer, les premières secondes sont primordiales. Sans aide à la flottabilité, le premier contact avec l’eau peut s’avérer fatal. Le traumatisme de se retrouver en dehors du bateau, le choc thermique et la première immersion suffisent parfois à perdre la vie. L’équivalent d’un verre d’eau de mer suffit à noyer les poumons. Sans brassière, il faut lutter immédiatement pour ne pas s’enfoncer. Le stress de ne pas avoir de gilet et la sidération de voir le bateau s’éloigner auraient des effets radicaux. Si elle survit aux premières secondes dans l’eau, la personne à la mer devra dépenser une grosse énergie afin de se maintenir en surface, alors qu’une position en foetus, la tête hors de l’eau grâce au gilet de sauvetage, lui permettrait d’économiser ses forces et de mieux supporter le froid. « Dans le gros temps, vous ne résistez pas bien longtemps à l’effet bouchon (effet de la houle sur le corps et tétanisation des muscles) », raconte un sauveteur de la Marine nationale. La noyade, rien que par les embruns inhalés à cause des vagues qui déferlent, est connue des sauveteurs qui savent combien les minutes gagnées sont précieuses pour avoir une chance de récupérer quelqu’un en vie. Alors, sans gilet, point de salut !
Dans le milieu de la pêche, le port d’un gilet ou d’une veste flottante (vêtement à flottabilité intégrée) commence à se développer. La mesure est rendue obligatoire depuis 2007 sur les navires de plus de 15 m au cours des manoeuvres et du travail sur le pont. En rade de Brest, les pêcheurs à la coquille sont également obligés de s’y soumettre. Plus au large, loin des contrôles, les bonnes habitudes ont tendance à se relâcher…

Les Canadiens à la pointe

Ébranlée par la série noire de l’été dernier, la société de sauvetage du Québec a demandé aux autorités de rendre le port du gilet obligatoire à la plaisance. Mais au Canada comme en France, c’est la capacité à contrôler et à s’assurer que la mesure est bien appliquée qui freinent les premières intentions. Plutôt que de chercher à rendre obligatoire le port du gilet de sauvetage, Yves Lagane, le président de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM), mise sur le changement progressif des mentalités. « On estime que 25 à 30 % des plaisanciers français sont convertis contre une bonne moitié chez nos voisins anglais ».

Tenir jusqu’aux secours

« Et dans les années à venir, avec des systèmes d’alerte automatique qui se déclencheront au moment de la chute à la mer, le port du gilet s’imposera encore plus ! ». « Avec l’amélioration de la coordination et de l’organisation des secours, le gilet ne va cesser de conforter son utilité puisque les sauveteurs, déployés plus rapidement, auront davantage de chance de sauver un naufragé dont la tête aura été maintenue hors de l’eau, en état de conscience ou d’inconscience ».

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