Travail en milieu aquatique « Le port d’un gilet de sauvetage n’est jamais une fin en soi »

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L’eau, cet élément à risque

L’omniprésence de l’eau dans l’environnement de travail impose aux entreprises d’adopter des choix organisationnels et de mettre en place des mesures de prévention spécifiques. L’analyse des risques liés au travail en milieu aquatique est complexe car elle demande notamment de prendre en compte ses évolutions.

Ce ne sont pas des marins.

D’ailleurs, la plupart du temps, bien que l’eau soit omniprésente dans leur environnement de travail, ces salariés exercent leur activité sur la terre ferme. Ils sont, pour certains, chargés de l’entretien des espaces naturels, d’autres interviennent dans le domaine de l’eau potable, des eaux usées, de la qualité de l’eau, de la gestion des ressources. Ils peuvent aussi être des professionnels des sports et loisirs, travailler dans le milieu portuaire, ou encore à proximité de bassins. D’autres, enfin, salariés des travaux publics, sont confrontés à des chantiers d’entretien de canaux, de rénovation de ponts…

Pour tous, travailler au bord, au-dessus ou au contact de l’eau présente des dangers.

Marcher sur des sols glissants peut générer des risques de chute, à terre ou à l’eau, l’une des conséquences les plus dramatiques étant la noyade. Mais d’autres risques existent, comme les risques chimiques ou biologiques. Dans le domaine de l’assainissement par exemple, la mise en mouvement d’une masse liquide, lors des interventions dans les réseaux, peut entraîner le déplacement de poches de gaz et des dégagements de sulfure d’hydrogène (H2S).

Dans les stations d’épuration, les eaux usées provenant des eaux pluviales, des habitations, des hôpitaux, de l’industrie, véhiculent des micro-organismes divers (bactéries, moisissures, virus, parasites), sources de risques pour les salariés qui y travaillent. Lors de l’entretien des berges et voies navigables, les salariés sont, eux, exposés à un autre risque : la leptospirose, une maladie infectieuse contractée au contact d’une bactérie excrétée dans l’urine des rongeurs. Enfin, la proximité avec l’eau peut avoir une incidence sur d’autres risques présents, comme le risque électrique.

Un milieu instable

« Les risques liés à l’environnement aquatique doivent être évalués et figurer dans le document unique d’évaluation des risques, indique Étienne-Henri Feller, un consultant formateur en sécurité aquatique.

Souvent, les industriels ignorent la dangerosité du milieu aquatique.

Quel est son état et comment va-t-il évoluer (température de l’eau, conditions météorologiques…) ?

Quelle est l’intervention humaine prévue ?

Quelle sont la surface de travail et la nature du contact avec l’eau ?

L’une des particularités du milieu aquatique est qu’il peut être hostile et instable.

» Pour certains travaux dans le BTP, un plan de prévention lié aux risques aquatiques, intégré dans le plan général simplifié  en matière de sécurité et de protection de la santé, permet de prévoir la mise en place de solutions organisationnelles, techniques et humaines.

L’une des difficultés, en milieu ouvert, tient à la multiplication des interlocuteurs et des obligations liées aux différentes réglementations (maritime, portuaire, fluviale…).

« Dans tous les cas, la prévention des risques professionnels s’appuie sur le respect des principes généraux de prévention. Pour autant, supprimer le risque ou s’en éloigner n’est pas toujours possible, explique Anne-Sophie Valladeau, ingénieur conseil à l’INRS.

En station d’épuration, les agents peuvent avoir besoin d’intervenir autour des bassins.

Lorsqu’une entreprise de BTP rénove un pont au-dessus de l’eau, elle doit s’organiser en fonction de l’environnement aquatique.

La priorité est donc donnée à la mise en œuvre de protections collectives visant à sécuriser les postes de travail et les accès. »

« Le port d’un gilet de sauvetage n’est jamais une fin en soi »

« Pour la construction d’ouvrages d’art, nous sommes régulièrement confrontés au franchissement de voies d’eau. Le travail en milieu marin ou fluvial est contraignant en termes d’accès. La construction de ponts, par exemple, nous impose d’accéder dans l’emprise du fleuve ou de la mer, soit au moyen de barges, soit au moyen de ponts provisoires, explique Romain Nicolas, le responsable de production chez Dodin Campenon Bernard, filiale du groupe Vinci Construction. Les données relatives au milieu – sur les sites soumis aux marées par exemple – sont prises en compte dans l’organisation des chantiers. Autant que possible, l’idée maîtresse consiste à se rapprocher au maximum des conditions d’un environnement terrestre. »

Par ailleurs, si les protections collectives sont inefficaces ou si elles ne sont pas compatibles avec la nature des travaux, les opérateurs doivent porter des équipements individuels de flottaison (EIF). « Le port d’un gilet de sauvetage n’est jamais une fin en soi, précise toutefois Étienne-Henri Feller.

Celui-ci ne doit que permettre d’attendre les secours. » De plus, le choix de l’EIF est tout sauf anodin. Il varie en fonction de l’opérateur, de la nature du travail et de l’état du milieu.

Le APSSS-CONSULTING , un organisme de formation spécialisé en prévention des risques professionnels en milieu aquatique, propose des formations de plusieurs niveaux pour les entreprises intervenant en environnement aquatique ; l’un de ses programmes concerne ces équipements. « Comment choisit-on un EIF ? Comment s’en sert-on ? Comment doit-il être entretenu et contrôlé ? Cette formation théorique et pratique a vocation à initier au port de l’équipement et à sensibiliser aux gestes élémentaires de sécurité à adopter lorsqu’on tombe à l’eau », explique Etienne-Henri Feller , gérant de l’organisme de formation.

« En environnement aquatique, le travail isolé n’est jamais tolérable », rappelle d’ailleurs Anne-Sophie Valladeau. En cas de chute à l’eau d’une personne, un dispositif doit être prévu pour lui porter secours. Lorsque les salariés sont exposés au risque de noyade, le Code du travail prévoit d’ailleurs la mise en place par l’employeur de dispositions particulières 4. « La formation et l’information du personnel sont essentielles, insiste Romain Nicolas. Comment se comporter en cas de chute ? Comment donner l’alerte, envoyer une bouée à l’équipier tombé ? De bons réflexes peuvent sauver une vie ! »

LES TRAVAUX AU CONTACT DE L’EAU 

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